La belle et la bruteRendez-vous à Monte-Carlo pour essayer la RS3. A l'endroit même où Audi a écrit les plus belles pages de ses années « rallyes » au début des années 80. La passion automobile est-elle toujours intacte au volant de cette RS3 ?
Audi RS3 Sportback 2.5 TFSI Quattro
Essence
340 ch
Malus de 1600 euros
Commercialisation en avril 2011
55 400 euros



La météo est assez capricieuse ce matin sur le rocher de Monaco mais la voiture qui m'attend sur le parking a plutôt de quoi me remonter le moral : une berline équipée d'un 5 cylindres turbo de 340 ch pour 450 Nm, quatre roues motrices, 250 km/h en vitesse de pointe et un 0 à 100 km/h avalé aussi vite qu'une Porsche 911.
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, faisons le tour du propriétaire. Le regard sombre et les larges entrées d'air ne laissent pas de place au doute : l'A3 s'est métamorphosée.
Ses bas de caisse se sont élargis, sa calandre et ses rétroviseurs ont revêtu de l'aluminium, ses ailes de la fibre de carbone afin de réduire le poids. Un diffuseur est venu se greffer à son postérieur, ses freins comme ses jantes ont pris du volume et une peinture rouge nacrée du plus bel effet est venue recouvrir sa carrosserie. Bref, impossible de la confondre avec l'A3 TDI du voisin !
Plus sobre, l'habitacle de la RS3 marie habilement le cuir sur les sièges et l'aluminium sur le pédalier, les contre-portes, autour des aérateurs et du levier de vitesses ou encore sur le volant à méplat et les palettes au volant. Trop discret avec votre goût ? En piochant dans les options, vous pourrez équiper votre RS3 de magnifiques sièges baquets avec surpiqûres rouges, moyennant un surcoût de 3280 euros.
Le côté doux
Un tour de clé réveille le 5 cylindres en ligne (le même que celui du TT RS) en toute discrétion. Pas un grognement ne se fait entendre depuis l'habitacle, ni même un léger feulement. La RS3 est tout simplement muette au ralenti !
Les premiers tours de roues dans les rues étroites de la Principauté me laissent craindre le pire. Les 340 ch de la RS3 sont-ils exploitables en ville ? Il ne m'aura pas fallu attendre bien longtemps pour comprendre que oui : tenez le volant, dosez la pédale des gaz et la boîte S-Tronic à 7 rapports se charge du reste.
Capable de passer les rapports en un battement de cil et sans le moindre à-coup, cette boîte magique profite de la grande élasticité du moteur pour rendre la conduite de la RS3 agréable en ville et plutôt confortable compte tenu de la monte pneumatique généreuse (19 pouces). Après quelques kilomètres, j'en viens même à me demander si la RS3 est vraiment une voiture sportive ? Et pourtant...
Le côté brut
Changement de décor, changement d'ambiance. Me voici en France, arrêté à un feu rouge bordant une grande route nationale. Le trafic est fluide, c'est le bon moment pour voir ce que la RS3 a vraiment sous le capot.
Boîte S-Tronic engagé en mode « S », système ESP déconnecté, bouton « Sport » activé pour libérer les décibels, un pied sur la pédale des gaz, l'autre sur les freins : la voiture gronde, prête à bondir. J'ai vraiment la sensation d'être dans la peau d'un pilote au moment du départ d'une course. Le feu passe au vert, je relâche les freins et là... c'est l'explosion.
La RS3 bondit, plaquant violemment ma tête contre l'appuie-tête. La poussée est phénoménale et la sonorité du 5 cylindres un véritable bonheur. La vitesse à laquelle l'aiguille du compteur défile est impressionnante. Quel pied !
A peine remis de mes émotions, je poursuis mon essai dans l'arrière pays Niçois, à l'endroit même où Michèle Mouton a fait briller la Quattro S1 il y a 30 ans. Les routes en lacets mettent en exergue la qualité du châssis sport, rabaissé de 25 mm par rapport à une A3 traditionnelle. La RS3 mord le bitume, vire à plat, la direction asservie à la vitesse offre un très bon feeling et les freins 4 pistons aux dimensions généreuses (370 mm à l'avant, 310 mm à l'arrière) mordent fort et longtemps.
En forçant un peu la cadence, j'en viens tout de même à regretter que la RS3 ne soit pas plus amusante à conduire. Sa transmission intégrale Quattro pilotée par un système Haldex (non permanent) tend effectivement à rendre le comportement trop policé et plutôt sous-vireur dans les épingles, mais c'est bien pour lui trouver un défaut...
Bilan. La RS3 est une sportive à double facette. D'un côté, une voiture familiale qui peut vous emmener sur la route des vacances avec les valises. De l'autre, une machine à sensations fortes, redoutable d'efficacité. Une polyvalence qui se paye au prix fort : 55 400 euros, auquel il faut ajouter un malus de 1600 euros et quelques options.
Source : l'Argus
http://www.argusauto.com/actualite-automobile/essais/voitures/audi-rs3-340-chevaux-601366.html